La petite église
Je suis la petite église de ce
village. Les historiens pensent que mes premières
pierres ont dû être posées vers l'an 1200
et que le premier édifice en bois qui m'a
précédé a dû être construit
par un ermite évangélisateur au VIème
siècle.
A cette époque et jusqu'au
XVIIIème siècle les défunts
étaient inhumés dans les
églises. Plus de 1000 reposent dans ma nef.
J'ai abrité les corps de deux aviateurs
américains morts pour la libération
de mon pays en 1944.
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Les 200 habitants de ce village disent que
j'en suis la richesse; aussi suis-je très
chère à leurs coeurs. Les siècles
pèsent sur mes voûtes et le temps a
profondément ridé mes murs.
On dit que
cette patine fait ma valeur. Je veux bien le croire, mais je
me suis sentie brusquement émue lorsque le vent a
murmuré la nouvelle dans mon clocher: "les habitants
du village ont décidé de te
rajeunir". D'abord inquiète, j'ai vite
été rassurée lorsque j'ai appris que ce
rajeunissement respecterait ce qu'avaient voulu et
exécuté mes bâtisseurs.
Mes vitraux, qui ont longtemps assuré
l'intimité tant appréciée de ma nef, et
qui avaient, eux aussi, subi les outrages du temps, ont
retrouvé leur éclat entre les mains du
maître verrier Didier Alliou, créateur de
l'oculus contemporain qui illumine la nef au soleil
couchant.
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